ExpositionHenri Martin, Henri Le Sidaner, deux talents fraternelsDu 20 juin 2025 au 22 octobre2025.
La fidèle et vibrante amitié qui a uni les peintres Henri Le Sidaner (1862-1939) et Henri Martin (1860-1943) à partir de 1891, alors qu’ils étaient parvenus à l’âge d’homme, est tissée d’affinités électives. Le passage du temps, l’évanescence et la fugacité des liens, n’ont pas entaché cet attachant pas de deux où s’énonce une part de leurs vérités. Maintes analogies et points communs invitent à examiner en miroir leur production artistique inscrite dans un langage original qui voulait inventer et réenchanter un monde, tout en révélant leurs correspondances plus secrètes. C’est le propos de cette exposition qui fédère le Palais Lumière d’Evian, le musée Singer Laren (Pays-Bas), le musée de Gray et la villa Théo du Lavandou. Pourtant, en apparence, les connivences entre Le Sidaner – homme des brumes et de la mélancolie du Nord – et Martin – homme des Suds solaires rayonnants de clarté – ne semblait pas aller de soi.
Leurs rencontres répétées, leurs échanges épistolaires constants, leur volonté de se déprendre de leur maître respectif, leur formation parisienne, leur culte de la poésie la plus moderne qui surprenait voire scandalisait, le goût partagé des voyages, leur souhait d’exister dans une relation exceptionnelle et pérenne à un environnement cimentent entre eux des traits d’union puissants sur le terrain de la peinture. Formés dans la même décennie et appartenant à la même génération, tous deux ont entendu vivre pleinement leur siècle en concourant à la liberté, à la responsabilité et à la dignité de l’artiste. Ils ont investi la culture avec engagement, dans la tradition du XIXe siècle, en travailleurs acharnés, menant une vie d’une grande discipline. Ils ont rendu sa liberté à une géographie couleur du temps – paysages côtiers et dunaires de la mer du Nord, sites urbains fanés et aqueux de Bruges ou jardin polyphonique de Gerberoy pour Henri Le Sidaner, paysage verdoyant du Laurageais, canaux ensemencés de lumière de Venise ou jardin aux mille visages de Marquayrol d’Henri Martin. Tous deux vont rechercher et trouver avec sincérité un supplément d’âme dans une France provinciale, obscur objet d’un désir jamais assouvi. Territoires mentaux, Marquayrol et Gerberoy deviennent aussi dans le sillage de l’un et de l’autre des lieux imaginaires, un hypnotique parcours à suspens bâti sur le réel pour le perforer et lui imposer une forme d’absence. Maîtres dans l’art du portrait, leurs figures gardent toujours secrète leur intimité et demeurent introverties, charriant l’air, les songes et l’écume des sentiments. Tous deux sont attachés à faire advenir une valse lente et hypnotique de touches, des séductions harmoniques, une musicalité, un langage pictural soyeux où prend naissance une touche de méditation, de rêverie, de mystère qui génère une forme de poème visuel. Ils ont repeint la grammaire académique en regardant écosystèmes et personnages comme des « terra incognita », formulant une vraie vision d’auteur qui ne peut laisser personne indifférent ! |